Emma Santos
En 1976, la jeune écrivaine Emma Santos (1943-1983), malmenée dans son désir de vivre, d’aimer, d’écrire, par les traces persistantes d’une enfance de pauvreté et de violence, rencontre Antoinette Fouque qui lui offre l’accueil indéfectible des éditions des femmes. La réédition en poche en 1976 de La Malcastrée, qu’avait publié tout d’abord Maspero en 1973, lui permet de se faire connaître. Très rapidement sont édités ensuite J’ai tué Emma S. (illustré par l’autrice), L’itinéraire psychiatrique puis La Loméchuse (réédition, en 1978)… En 1976 et 1977, Claude Régy la met en scène au théâtre de la Gaîté lyrique, où elle lit un texte écrit par elle, Le Théâtre d’Emma Santos, également publié par des femmes. Plus tard, en 2006, après son suicide à l’âge de 39 ans, les mêmes éditions publieront Effraction au réel, texte inédit. La réédition de son œuvre complète est au programme des éditions des femmes– Antoinette Fouque.
Emma Santos
J’ai tué Emma S.
Un texte phare sur l’enfermement psychiatrique
Une réédition en poche pour redécouvrir un texte emblématique des années 1970 sur l’internement psychiatrique des femmes.
Marie-Anne Le Rozick, alias Emma Santos, décrit avec force son parcours douloureux, son désir d’enfant irréalisable et la violence de l’internement en asile psychiatrique. Dans un style incandescent, elle revient sur sa rupture amoureuse, empreinte de domination masculine et de violence ainsi que sur sa naissance à l’écriture.
Ses écrits où convergent langage et matière charnelle, explorent des thématiques taboues pour l’époque, comme l’avortement, et sont rejetés par de nombreux éditeurs. Elle s’accroche pourtant à ses textes – l’écriture est une voie d’émancipation et sa bouée de sauvetage – qui font exploser les poncifs autour de la « folie », quitte à tuer Emma S., nom d’emprunt donné par son ex-mari.
Les éditions des femmes-Antoinette Fouque poursuivent, avec la réédition de J’ai tué Emma S. en poche et celle de La Malcastrée en 2022, leur travail éditorial autour de l’œuvre d’Emma Santos, écrivaine majeure dont les écrits emblématiques et poignants sont d’une modernité éblouissante !
À cet instant où il n’est pas venu le 2 juillet 1975 au rendez-vous du psychiatre, j’ai tué Emma S., écrivaine avec un nom imposé par l’Homme, son nom à lui, femme littéraire et psychiatrique, femme de papier sur les livres et sur les dossiers médicaux, femme inventée par jeu et j’y croyais. J’ai tué Emma S. pour rechercher une femme nouvelle, une femme pas encore née, prendre mon nom de renaissance… E.S.
- 2023 (Broché 1976)
- 92 p.
- 7,75 €
- EAN 9782721000439
- Poche 128 p.
- 6,50 €
- EAN 9782721011695
- Ebook 4,99 €
- EAN 9782721011701
La Presse en parle
Un cri de souffrance et de résistance. L’Écritoire des Muses, 19 septembre 2023
Beau comme le cri de l’enfant qu’on n’aura jamais. Terrible comme le rire de l’homme qui vous rejette, d’un œil négligent. Grand comme la révolte d’une femme. Emma, dont nous connaissons La Punition d’Arles, a voulu tuer en elle la femme-esclave, esclave d’un sentiment qui la fera dériver en psychiatrie. Une écriture glacée comme une lame. Il ne faut surtout pas qu’Emma cesse d’écrire ! Le Canard enchaîné, 24 mars 1976
Bibliographie
Aux éditions des femmes-Antoinette Fouque
- Itinéraire psychiatrique, 1977
- Le Théâtre, 1977
- La Loméchuse, 1978
- Effraction au réel, 2006
- La Malcastrée, 2021
Autres éditeurs (bibliographie sélective)
- L’Illulogicienne, Flammarion, 1971
- La Punition d’Arles, Stock, 1975, rééd. 2001
- Le Mensonge – Chronique des années de crise, Ed. Encres
- Écris et tais-toi, Stock, 1978, rééd. 2001.