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Emma Santos
En 1976, la jeune écrivaine Emma Santos (1946-1983) rencontre les éditions des femmes qui lui offrent leur accueil indéfectible. La réédition en poche en 1976 de La Malcastrée, qu’avait publié tout d’abord Maspero en 1973, lui permet de se faire connaître. Très rapidement sont édités ensuite J’ai tué Emma S. (illustré par l’autrice), L’itinéraire psychiatrique puis La Loméchuse (réédition, en 1978). En 1976 et 1977, Claude Régy la met en scène au théâtre de la Gaîté lyrique, où elle lit un texte écrit par elle, Le Théâtre d’Emma Santos, également publié par des femmes. Plus tard, en 2006, après son suicide à l’âge de 37 ans, les mêmes éditions publieront Effraction au réel, texte inédit.
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Emma Santos
La punition d’Arles
Prix : 7 €
Emma S. raconte sa relation sous emprise avec un pervers narcissique.
Marie-Anne Le Rozick raconte sa rupture avec l’homme pervers qui lui a donné le nom de plume d’Emma S. Jamais nommé, ce Don Juan narcissique et volage, a poussé la jeune femme aux confins de la folie.
On y découvre la vie à deux de la narratrice et de son amant, dans une petite chambre de bonne et leurs passions respectives, lui pour la photographie et elle pour l’écriture. À Arles, Emma S. apprend qu’il la trompe et la quitte pour partir au Portugal avec une autre. Déchirée par la trahison, la narratrice tourne en rond, attend son retour pendant huit mois et raconte le morcellement de son corps meurtri par un avortement.
On y lit la violence de leur relation, qu’elle soit physique ou psychologique, et l’emprise qu’il exerce sur elle. La graine est plantée. Emma S. décrit sa maladie comme un arbre qui grandit en elle et qui, plongeant ses racines au plus profond de son corps, la dévore de l’intérieur.
Porté par une écriture viscérale et d’une rare intensité, La Punition d’Arles est le récit d’une dissolution mais également d’une naissance à l’écriture.
Les éditions des femmes-Antoinette Fouque poursuivent, avec la réédition de La Punition d’Arles en poche, celle de J’ai tué Emma S. en 2023 et celle de La Malcastrée en 2022 leur travail éditorial autour de l’œuvre d’Emma Santos, écrivaine majeure dont les écrits emblématiques et poignants sont d’ une modernité éblouissante.
Devant notre ex-chambre de bonne, notre chambre amour notre chambre atelier notre chambre cuisine notre chambre salle d’eau sans eau, bassin d’ eau de Versailles dans les cuvettes et seau hygiénique vert. Il n’est pas là. La chambre n’a pas bougé depuis qu’il m’a rejetée. Je pousse la porte. Je bloque avec le paillasson. Une fente pour voir les photos. La photo de lui que j’avais mise au mur pour tuer l’absence et sur le lit la couverture tricotée. Le lino est sale avec des vieux journaux dessus – ce n’est pas moi les vieux journaux. Sur la planche de la cuisine, un pot de café et des épices, la casserole à lait rouge, le grille-pain, mes affaires.
La chambre je l’ ai transformée à chaque voyage. Il faisait des croisières au printemps. E.S.
Parution le 5 juin 2025
- Juin 2025
- 150 p.
- 7 €
- EAN 9782721014214
- EAN 9782721014221
Bibliographie
Aux éditions des femmes-Antoinette Fouque
- Itinéraire psychiatrique, 1977
- Le Théâtre, 1977
- La Loméchuse, 1978
- Effraction au réel, 2006
- La Malcastrée, 2021
- J’ai tué Emma S., 2023 (Broché 1976)
Autres éditeurs (bibliographie sélective)
- L’Illulogicienne, Flammarion, 1971
- La Punition d’Arles, Stock, 1975, rééd. 2001
- Le Mensonge – Chronique des années de crise, Ed. Encres
- Écris et tais-toi, Stock, 1978, rééd. 2001.