Gayl Jones
Gayl Jones, née en 1949, est afro-américaine. Elle vit aujourd’hui à Lexinghton dans le Kentucky. Elle a publié plusieurs romans et essais sur la culture afro-américaine ainsi que trois recueils de poésie.
Prix : 10,25 €
Meurtrière est cette femme qui, à force d’être réduite au silence, se trouve réduite à tuer. Eva a tué un homme : pourtant, à la question d’Elvira, l’autre femme en cellule avec elle, Eva ne répond jamais. Mais les mots de l’autre enclenchent l’anamnèse de scènes antérieures, font revenir des paroles oubliées: au travers du corps d’Eva, meurtrie et meurtrière, se revivent les viols dont ont été victimes et elle, et d’autres femmes (elle, petite fille, une autre, tout enfant encore, sa mère, la vamp du quartier…). Avec ses mots simples et obsédants, Gayl Jones approche le ressassement obsessionnel où se trouve emmurée Eva, pour dire, loin d’un pur fantasme, le viol réel incessant que refusent les femmes, et soutenir par la fiction ce refus politique.
- 1977
- 168 p.
- 10,25 €
- EAN 9782721000989
La Presse en parle
Le récit est conçu comme une pelote de la mémoire qui se dévide au gré des associations d’idées, des questions posées à la narratrice ou que des personnages surgis de son propre théâtre lui posent encore. Eva est semble-t-il dans le secteur psychiatrique d’une prison où le tribunal l’a envoyée: elle a tué un (son) homme puis l’a castré. Ce qui tient le lecteur suspendu aux pages du roman n’est donc pas la question « qui a tué » ? mais « pourquoi elle – celle qui écrit – a tué et tué de cette façon » ? C’est alors que les trois titres d’intérêt de ce roman s’entrechoquent : femme, noire, américaine. Un univers mental radicalement autre s’impose au lecteur, sommé d’y entrer par sa propre passion du roman, sollicitée quant à elle par une écriture rigoureuse, sans une once de graisse, qui le mène par le bout des yeux où se trouve déjà la narratrice
Michel Cardoze, L’Humanité, 22 décembre 1977