Ces pères-là
Jacqueline Merville

Jacqueline Merville est écrivaine, peintre et poétesse. Elle a publié treize livres (fiction, poésie) aux éditions des femmes-Antoinette Fouque, dont Le Voyage d’Alice Sandair (2020) et La Vie bonne et d’autres vies (2022). Elle a également publié d’autres recueils de poésie, notamment à La Main courante, et dirige depuis 2002 une collection de livres d’artistes, « Le Vent refuse ». Depuis 1992, Jacqueline Merville partage son temps entre le Sud de la France et l’Inde.

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Jacqueline Merville

Jacqueline Merville

Ces pères-là

Illustrations originales de l’auteure

Prix : 16 €

« masse de pères
la même tête d’homme
vivait ça, l’enfant le vivait comme pas du rien
envidée dans la voix ça compte jusqu’à
vouloir
plus rien
mais
pas
morte

la petite s’appuie sur du sourire de sa maman
sa bouche pas peinte
aux sons talismaniques

que va-t-elle sortir de sa bouche en posant ses doigts
sur la vaisselle sale ?


laver les plis, les graisses, on invente beaucoup
en attendant un nuage blanc, on cherche son nom »
J.M.

Dans ce livre d’artiste, long poème ponctué de plusieurs tableaux, Jacqueline Merville explore avec une densité et une profondeur accrues les thèmes qui structurent son œuvre : de l’évocation d’une enfance empêchée, engluée dans la maison, et la langue, du père faisant écho à la violence du monde, jusqu’à la découverte d’un ailleurs, qui est aussi recherche, vital, d’une langue à soi.

  • Mars 2016
  • 102 p.
  • 16 €
  • EAN 9782721006479

La Presse en parle

Ces pères-là, une langue non paternelle
(…) Depuis une dizaine d’années, Jacqueline Merville, par le poème, ou par le récit, a entrepris avec la force d’une Elfriede Jelinek, la fresque macabre des violences faites aux femmes, à partir de son expérience vécue.
L’auteure porte la parole de celles qui se taisent. (…)
Oui, les arts poétiques ne peuvent se passer des poètes femmes.
La conception de Ces pères-là est tri-sémique. Comme pour contraster aux puissantes strophes de la colère, un second climat poétique évoque des vallons nébuleux, dominant la rivière en débâcle au fond de soi. D’une part la concentration ; d’autre part l’évaporation. L’italique renforce la lente et apparente douceur. En page de gauche comme en contrepoint, neuf lavis graffités de Jacqueline Merville, chez qui la pratique picturale est autant affirmée que le principe poétique. Un livre tout écrit au bâton.

Patrick Beurard-Valdoye, remue.net, mars 2016

Ces pères-là
L’image du père n’est guère glorieuse dans le monde de Jacqueline Merville. La langue du père comme ses gestes arrachent des lambeaux de chair sur le corps de la fille. La déchirure trouve son écho dans le dernier livre de l’auteure où la langue est bancale, cassée, interrompue, saccadée, hachée, renversée, déchirée, faite d’asyndètes. La syntaxe est transgressée pour une langue rouge. Un mal de père se retranscrit dans un mal de langue. Face à la voix du père qui « frappe », la langue est mise à mal par une violence incorporée mais réfléchie, autrement dit projetée sur la page. (…)

Nelly Carnet, Temporel, 23 avril 2016

Ces pères-là : L’ émotion brute en héritage
(…) L’auteur compose par touches fulgurantes un tableau à fleur de peau du lien douloureux qui l’attache à son père. (…) Comme la petite qui fuit la « longue guerre dans les maisons fermées » et qui court pour se mettre à l’abri des coups, le texte s’écrit dans l’urgence, cherchant l’apaisement, en quête d’une forme tardive de salut. La femme qui s’est forgé un destin à travers l’art et l’écriture et qui se souvient d’avoir été cette enfant que le père, du poing et de la voix, s’acharnait à briser, s’interroge. (…) Incertaine, l’écrivain qui s’est construite à la lumière de la tendresse maternelle fait le point sur tout ce qui lui vient du père : son nom porté avec horreur, la peur de vivre, le goût de la fuite et « une langue à soi (…) une langue que personne ne pourrait tuer ».

Odile d’Harnois,  Chroniques littéraires, 27 mai 2006

Bibliographie

Autres éditeurs

  • La Mandala du pèlerin, La Main courante, 1997
  • Sur d’autres terres, La Main courante, 1999
  • La Chair ronde des philosophes, Jacques André éditeur, 2006
  • Petites Factures divines, La Main courante, 2006
  • Juste une fin du monde, L’Escampette, 2008
  • Voyager jusqu’à mourir, L’Escampette, 2009
  • Pierre flottante des Indes, La Main courante, 2010
  • La mienne langue, Fidel Anthelme X, 2014
  • Géographie indienne, Fidel Anthelme X, 2017
  • Lotus d’air, dessins de Martina Kramer, La Rumeur libre, 2017