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À Nélida Piñon, immense autrice brésilienne
Nous apprenons avec une immense tristesse le décès de Nélida Piñon, certainement la plus grande autrice brésilienne du XXe siècle encore vivante.
C’était une grande amie d’Antoinette Fouque et la nôtre depuis de très nombreuses années. Nous avons traduit et publié une grande partie de son œuvre et l’avons fait ainsi connaître à un public français et francophone dès 1987 et jusqu’en cette année 2022.
De La Maison de la passion et de La force du destin ( 1987), en passant par sa somptueuse saga, la plus populaire et la plus connue, La République des Rêves (1990), pour éclore dans Le Temps des fruits (1993), ainsi que Fundador (1998), La Salle d’armes ( 2005), Mon Livre d’heures (2018) jusqu’à son dernier livre paru cette année Un jour j’irai à Sagres (2022) que certains estiment être son chef d’œuvre tant il est accompli.
Ces œuvres ont été traduites par Geneviève Leibrich, Violante do Canto avec Yves Coleman, Didier Voïta avec Jane Lessa, animé.e.s par la passion de son écriture dont Antoinette Fouque disait qu’elle était « comme une véritable archéologie de la chair et de l’inconscient ».
Première femme à présider l’Académie brésilienne, en 1995, elle fut aussi la même année, la première autrice de langue portugaise à recevoir le prix Juan Rulfo. En 2005, le prestigieux prix Prince des Asturies de littérature la récompense pour l’ensemble de son œuvre composée d’une trentaine de romans, nouvelles, essais, chroniques… Ses livres sont publiés en près de trente langues à travers le monde.
Á chaque rencontre et elles furent nombreuses, au Brésil ou en France, avec Antoinette Fouque et certaines d’entre nous, sa générosité, son esprit tout à la fois poétique et politique, sa force et son amour des êtres et de la vie guidaient ces échanges d’une rare et joyeuse densité.
La dernière fois que nous nous sommes vues, Nelida Pinon nous avait accueilli, en novembre 2019, à l’Académie brésilienne des Lettres et chez elle à Rio de Janeiro, où le temps ne comptait pas, riant, dégustant des friandises, caressant son doux chien et évoquant, avec photos et souvenirs, Clarice Lispector, Antoinette Fouque, la démocratie, le courage et l’audace… Et la résistance à toutes les dictatures.
Nous n’oublierons jamais la modestie de Nélida Piñon qui n’avait d’égale que son génie !
Les éditions Des femmes-Antoinette Fouque
18 décembre 2022