Marches

Trois récits, un seul village, nous dit l’auteur de ce recueil ; trois récits qui présentent un air de famille – trois récits qui ne s’enchaînent pas, qui ne se complètent pas, et qui pourtant s’imbriquent comme les laisses d’une même saga. Car en dépit du brouillage de la généalogie qui rend leur filiation improbable, ils sont tous un peu parents ces Alexis, Marie et Michel, ces habitants de la rue Droite, laquelle, sinueusement bien sûr, conduit du quartier des Aires jusqu’au Fort. De laisse en laisse reviennent les mêmes noms, noms de lieux, noms de personnes, mais l’écho est trompeur car les personnages, eux, ont changé. Cependant ce changement ne se fait pas sans quelque échange, et ce qui s’échange en sus du nom, c’est quelque affinité avec celui qui le portait. Ainsi chaque nouvelle, si simple par l’apparente linéarité de son écriture, se complique de tout un effet d’intertextualité.

Françoise Gaillard, La Quinzaine littéraire, 15 janvier 1978